Analyses

ALG : Qui pour succéder au MJS, Sid Ali Khaldi ? (Lafordasse)

Vite ! Un ministre du Renouveau et place aux compétences. L’actualité politique s’emballe. Après les élections législatives du 12 juin et, dans la foulée, la démission du gouvernement d’Abdelaziz Djerad, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, multiplie les audiences avec les représentants des partis et les indépendants, vainqueurs des derniers suffrages. La prochaine étape est l’installation de la Assemblée Nationale Populaire (APN) et la nomination d’un nouveau gouvernement, appelé à faire face à plusieurs défis. Évidemment, le secteur de la Jeunesse et des Sports est concerné. Il figure en bonne place en matière de défis. Un secteur qui n’a pas été épargné par la pandémie de coronavirus, dont l’ampleur et les conséquences ne peuvent cacher, à elles seules, les ratages et l’échec du ministre sortant, Sid Ali Khaldi. Le bilan du ministre sortant ne laisse guère place à des résultats probants, ni à des réalisations marquantes. Un ministre qui, durant un an et demi, n’a fait qu’un seul passage à la chaîne III et a multiplié les déclarations bien organisées en marge de sorties sur le terrain. L’image d’un ministre fuyant les questions improvisées et donc gênantes. Celle réalisée à Ain Defla est dans toutes les mémoires.

La circulaire, une monstrueuse décision

Après un round d’observation, qui a duré presque six mois, au cours duquel Sid Ali Khaldi a dû entériner une décision des pouvoirs publics, celle de l’arrêt de toutes les activités sportives vers la mi-mars 2020 en raison de la crise sanitaire, le ministre a pondu sa fameuse circulaire n°264 du 8 juin, interdisant l’amendement des statuts durant l’année électorale et la réadaptation des statuts qu’après l’achèvement du processus électoral et ce, suivant une note méthodologique qui sera rendue publique le 16 septembre de la même année. Ainsi, tout comme la plupart de ses prédécesseurs, Sid Ali Khaldi est tombé dans le panneau en devenant le ‘‘ministre, sans ballon, du football’’. Il a mené alors une véritable guerre à l’ex-président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi, qui lui faisait de l’ombre, jusqu’à son départ du siège de Dely Ibrahim. Fort de son parrainage et de ses appuis, il aura tout fait pour ‘‘noircir’’ le dossier de Zetchi, l’amenant à ne pas briguer un second mandat. Une fois son objectif atteint, il a tenté de soulever son scalp lors d’une cérémonie d’installation d’une Commission mixte (MJSFAF) pour examiner la situation du professionnalisme, alors qu’un dossier sur cette même problématique sommeillait dans son bureau depuis juillet 2020 ! Mais, le fondateur du Paradou s’en est sorti avec la reconnaissance de l’opinion sportive et les remerciements des champions d’Afrique qui l’ont plébiscité.

Les multiples erreurs et … la FIFA

Le MJS a bombé le torse, en déclarant que les menaces de la FIFA n’étaient que foutaise et que l’Algérie ne pouvait être menacée, comme le claironnaient, selon lui, les partisans des ‘‘intérêts étroits’’. Or, jusqu’à présent le problème des statuts n’est pas réglé. En plus d’avoir créé une ambiance exécrable, d’alimenter les hostilités, le ministre s’est illustré par une série de flops. La liste est longue mais énumérons les affaires : Halfaïa – Saâdaoui ; le nouveau  stade d’Oran (fin des travaux le 31 mars, inauguration d’une enceinte toujours en travaux, et l’inspection sur une histoire de barbecue) ; le refus d’autoriser les jeunes catégories sportives à reprendre les activités ; l’ouverture des portes du stade du 5-Juillet à quelques centaines de supporters de la JS Kabylie lors du match-retour des demi-finales de la Coupe de Confédération de la CAF. Sans compter son côté bling bling et sa fameuse sortie, la veille du vote de la nouvelle constitution (celui qui n’est pas content, n’a qu’à changer de pays), Sid Ali Khaldi ne laissera pas de bons souvenirs, et encore moins auprès de … Djamel Belmadi, le sélectionneur national qui a refusé catégoriquement de le croiser tout récemment à Oran, voir ailleurs. Les deux hommes savent de quoi il s’agit, et peut-être que la vérité éclatera au grand jour.

Le rôle néfaste de l’Observatoire

Le Président de la République, Abdelmajid Tebboune, est bien conscient de la faillite du gouvernement sortant, y compris son ministre de la Jeunesse et des Sports qui ne devrait pas être reconduit, sauf miracle à l’algérienne vu son bilan très maigre et mitigé. Car comme on dit dans le sport : on ne change pas une équipe qui gagne, à contrario on ne reprend pas une équipe qui a échoué. Du coup, plusieurs noms circulent comme d’habitude sur celui qui occupera les bureaux du siège de la Place du 1er Mai ou bien son profil. Un homme d’expérience, de conviction, aux compétences avérées et bien connaisseur d’un secteur qui ne doit pas être sous-estimé et livré à n’importe qui par le truchement d’un piteux parrainage. Un homme de terrain qui a de l’écoute et qui doit bien s’entourer, loin des cercles influents, des carriéristes qui ne veulent pas lâcher leurs postes et privilèges, après avoir créé et entretenu le chaos dans le secteur. Et là, l’Observatoire du Sport doit impérativement subir un toilettage.

Amorcer un réel changement

A la veille d’échéances importantes (Jeux Méditerranéens d’Oran 2022, des éliminatoires de la Coupe du monde, de l’organisation du CHAN et de la CAN U17, en 2023, et bien d’autres événements), le MJS a besoin d’une véritable équipe commando, parée aux rudes épreuves du terrain, pour booster les chantiers qui traînent (comme ceux des stades et autres infrastructures), innover, s’attaquer aux problèmes de fond, loin des discours pompeux et démagogues, ainsi que des promesses jamais tenues. La situation économique étant ce qu’elle est, impactant ainsi la trésorerie publique, le secteur de la Jeunesse et des Sports devra serrer encore la ceinture, tout en fédérant, sans exclusion, les forces vives et les acteurs de terrain pour amorcer une réelle réforme et mettre en place de véritables plans de développement, étudiés, réfléchies, viables et rentables, comme disent les économistes. Battre en brèche la bureaucratie, s’attaquer aux milieux pourris qui gangrènent le secteur, sortir des slogans creux et incantatoires vers des actes pratiques et pragmatiques, devront être les instruments d’un ministre du renouveau. Le sport en général et le football en particulier devront être un des leviers de l’économie à travers la performance et ce qu’elle peut charrier, mais aussi la consommation et l’investissement, créateurs d’emplois et de richesses. En somme, passer de la rente à la rentabilité, c’est possible.

Un département réactif

Et dans le cadre d’un resserrement des budgets de dépenses, le poste de Secrétariat d’État ne devrait plus exister, pour laisser la place à un département de qualité, réactif et interactif, ce qui ne signifie pas gérer les affaires du secteur par les réseaux sociaux ou par des journaleux aux appétits aiguisés ou aux agendas flairant les intérêts sordides. On en saura en tous les cas un peu plus dans les jours qui viennent sur celui qui portera le costume cravate de ministre et en même temps le survêt, pour ne pas dire le bleu de chauffe, pour concrétiser la nécessaire mutation attendue par les milieux sportifs et l’encadrement du secteur. Pour peu que dans les plus hautes sphères de l’État, on ne se trompe pas encore une fois dans le choix de celui qui conduira la manoeuvre et que l’on observe le secteur de la Jeunesse et des Sports objectivement, et non pas comme un appendice qu’on confie juste pour chauffer le fauteuil et répéter ses gammes avant de s’envoler ailleurs.

– LA FORDASSE

 

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