Analyses

La déchéance financière d’un champion d’Afrique

A quoi bon être champion d’Afrique, mais sans le sou ! C’est la question que se sont posée certains
confrères étrangers. Ces derniers ont contacté BOTOLA pour en savoir davantage sur la crise que traverse la Fédération algérienne de football (FAF), depuis plusieurs mois, et qui n’a toujours pas trouvé de dénouement. Et cela, malgré les effets d’annonce de son président, Charaf-Eddine Amara, lorsqu’il avait débarqué à Dely Ibrahim, la mi-avril dernier. D’ailleurs, il n’a toujours pas répondu à la question de notre journaliste, la veille de l’Assemblée générale élective du 15 avril 2021, lors de la présentation son ambitieux programme à la presse, à savoir : la budgétisation de ce dernier. Présenter un programme aussi riche sans le quantifier sur le plan financier, cela laisse interrogateur plus d’un. Sauf si le nouveau président pensait que l’opération de recouvrement des créances de la FAF était un jeu d’enfant. Six mois après, la réalité est toute autre, et la crise qui asphyxie une FAF, engagée sur plusieurs fronts, risque d’avoir des répercussions fâcheuses sur son fonctionnement, la réalisation de son programme et l’atteinte des objectifs, qu’ils soient ceux engagés par l’ancien président Zetchi, ou bien ceux assignés dans le programme de Charaf-Eddine.

Le business plan qu’avait engagé l’ancien Bureau fédéral était fondé sur les ressources émanant de Mobilis, de la télévision algérienne et des subventions du ministère de la Jeunesse et des Sports. Sans compter les autres apports, dont celui de la FIFA dans des programmes bien spécifiques. Pour une fédération championne d’Afrique, cette dernière devait non seulement être accompagnée convenablement sur le plan financier par ses partenaires et aurait même dû crouler sous les contrats de sponsors. Malheureusement, la FAF n’a rien récolté de tout cela. Bien au contraire, elle vit aujourd’hui, un peu plus de deux ans après le sacre en Egypte, une véritable déchéance financière. A qui incombe la responsabilité ? A Kheïreddine Zetchi et son Bureau ? Ces derniers avaient, on se rappelle, frappé à toutes les portes, mais en vain. Non seulement, un établissement comme Mobilis a décidé de réduire sa contribution sur le contrat en cours, mais il a revu à la baisse le suivant. Pis encore, les modalités de paiement ne sont pas honorées à temps, tout comme l’EPTV qui a dû recourir à l’Etat pour acquérir les droits de retransmission des matchs de la sélection, sans pour autant bouger le petit doigt pour justement honorer ses engagements vis-à-vis de la FAF et de la Ligue de football professionnel.

La venue de Charaf-Eddine aux affaires de la fédération avait été perçue au départ comme une lueur d’espoir. Plus maintenant apparemment, puisque le président du Groupe Madar semble perdu face à une situation qui se complique davantage et chaque jour. Les prêts faits au Comité olympique algérien (COA), les Paralympiques et à la LFP, les clubs…. risquent de ne pas être remboursés de sitôt, ce qui ne laisse guère de marge de manoeuvre à Charaf-Eddine que de recourir aux DAT (dépôts à terme) bloqués en banque. Plusieurs prestataires et créanciers frappent à la porte de la FAF tous les jours ; les académies de Khemis Miliana et de Sidi Bel-Abbès ont du mal à redémarrer la saison ; les autres chantiers des académies (Tlemcen, El-Tarf, …). Sans oublier les grosses dépenses qui s’annoncent à l’horizon (Coupe Arabe des nations pour les A’), la CAN au Cameroun pour la A, le tournoi UNAF pour les féminines, les différentes sélections de jeunes, et bien évidemment les salaires du personnel qu’il faudra assurer chaque mois. Cette situation ne pourrait durer sans l’intervention des pouvoirs publics, car il y va de la crédibilité de l’instance fédérale et de ses engagements pour l’avenir de notre football.

Les prochains jours vont être durs et décisifs pour Charaf-Eddine et son Bureau fédéral qui, sans le sou, n’iront pas loin.

LA FORDASSE

 

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