Portraits

LE CHASSEUR à LA DOUBLE GâCHETTE

BELKEDROUCI SID AHMED

Consciemment ou pas, Sid Ahmed a construit son parcours de footballeur avec beaucoup de doigté. Sans état d’âme. Un professionnel avant l’heure.

« Le seul qui me pose problème quand il s’agit de signer la licence, chaque saison, c’est Sid Ahmed. C’est un redoutable négociateur.» Ainsi parlait Kacem Elimam, un des présidents du Mouloudia d’Oran. Très jeune, au sein du Raed Club Oranais (RCO), il fait l’objet de convoitise. Dans une équipe qui jouait les premiers rôles avec Noureddine «Tamengo», Larbi Seghir, Bridji et autres, il s’impose à la pointe de l’attaque, en redoutable finisseur au-dessus de la moyenne. Il n’hésite pas à s’engager au Ghali de Mascara où Khenane Mahi, alors entraîneur joueur, lui prodigue des conseils qui feront de lui, plus tard, un des meilleurs buteurs du championnat. Après cette courte escapade mascaréenne, il passe à l’USM. Bel-Abbès avant de faire le grand saut au Mouloudia d’Oran, le club le plus populaire de l’Ouest du pays. Il forme un duo détonant avec l’indétrônable Fréha, la tête d’or du football algérien durant quelques temps, même s’il doit vivre dans son ombre avant de lui succéder. «Sid Ahmed, c’était une grenade que je dégoupillais chaque fois que je voulais commettre un attentat au sein de la défense adverse», nous racontait, non sans un grand éclat de rire, l’incomparable Fréha au cœur des milliers de supporters du club des Hamraoua.

Un duo qui fait encore rêver 

Le duo Fréha – Belkedrouci va marquer l’histoire du Mouloudia. Les deux compères se complètent totalement, et Fréha, avec le poids de l’âge, devient en quelque sorte un parfait remiseur, la rampe de lancement grâce à son jeu de tête, et il était difficile pour les défenseurs de freiner la soif de buts de Sid, toujours en mouvement et à l’affût d’une déviation ou d’une passe en profondeur. Pourtant, bien que robuste, rien ne le destine à jouer au chasseur de buts dans les surfaces de réparation, mais de l’avant-centre, il possède le sens du but, une double-détente et un démarrage foudroyant sur cinq-dix mètres qui laissent sur place ses adversaires. Sur les terrains d’Algérie, il se construit une réputation de buteur avec un mélange de finesse et de jaillissement. À la retraite de Fréha, il excelle dans le registre de remiseur, et soulage ses coéquipiers grâce à de subtils démarquages et d’appels de balle qui tranchent avec l’individualisme du buteur. À 20 ans, il porte le maillot national, avec le sélectionneur, Smaïl Khabatou, lors d’une expédition en Union Soviétique, où il plante un des neuf buts de sa carrière internationale. Il fait partie de l’équipe médaillée d’or aux Jeux Africains de 1978, avant de fermer la page du football pour se consacrer avec la même passion à son métier de policier. À son palmarès avec le club d’EI Hamri : un trophée en 1975, devant l’autre Mouloudia de Constantine, se partageant les deux buts du succès avec … Fréha.

– AB. LAHOUARI 

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