Portraits

LE DéFENSEUR PROVIDENTIEL

Fawzi Mansouri

Rares sont ceux qui l’ont vu sourire sur un terrain et encore moins dans l’exubérance. Ses coéquipiers ont compris très vite qu’il ne fallait pas le titiller avant un match. Il pouvait devenir méchant.

à force de répéter qu’il lui faut des défenseurs-commandos et non des défenseurs-techniciens, le sélectionneur national, le Soviétique Rogov Eugeni, et ses adjoints, Saâdane Rabah et Maouche Mohamed, ne cachent pas leur joie lorsque l’ancien professionnel, Bendrama Kacem (Allah Yarhamou), un des superviseurs à l’étranger, leur déniche l’oiseau rare en France, à Nîmes (division Deux). C’est Kader Firoud, un proche parent à lui, qui attiré son attention. «J’ai appris, lui dit-il, que les frères ont besoin d’un latéral. Ils peuvent convoquer le petit Fawzi. Ils ne le regretteront pas. Il me rappelle le Marocain Mustapha Bettache. La peur, il ne connaît pas.» Les propos de Firoud étaient plus qu’une simple recommandation. N’a-t-il pas été un des sélectionneurs des Verts. Ses connaissances du football étaient connues de tous et il a été, durant longtemps, l’un des meilleurs entraîneurs de France. Le sélectionneur, Rogov, élimine aussitôt les titulaires, Larbés Salah et Kouici Mustapha, pour aligner Fawzi. Il fait sa première apparition avec la sélection contre le Nigeria, à Lagos, en match aller des éliminatoires du Mondial 82. Un gros risque qui allait tourner à son avantage, pour la plus grande joie des fans des Verts.

Un grand défenseur est né 

Dans les vestiaires, le triumvirat des Verts, Rogov-Saâdane- Maouche, lui a tenu un discours des plus fermes. «Le Nigeria ne possède qu’un seul joueur. Odegbani. Sans lui, l’équipe n’est rien. Ton rôle est de l’empêcher de jouer. Si tu y  arrives, nous irons au Mondial.» Les Algériens, devant leurs téléviseurs, découvrent un talentueux défenseur respectueux des consignes. Il allie puissance athlétique, sens du placement, à un excellent jeu de tête pour museler Odegbani, la star nigériane, et décourager les 100.000 spectateurs du stade de Surelere. Quelques années plus tard, il revint sur cette rencontre pour dire : «Il n’y avait pas trente six mille manières d’arrêter le Nigérian. J’avais vu des cassettes. Il fallait être plus prompt que lui sur la première balle et lui montrer mes crampons.» Le succès remporté (2-0) ouvre à l’Algérie les portes de la plus grande compétition internationale, et l’excellente partie fournie par Fawzi fait taire les détracteurs du staff technique. Un grand défenseur est né aux côtés des Korichi, Medjadji, Merzekane, Guendouz. Il devient un titulaire indiscutable de la «Dream-team», lors du Mondial espagnol, et s’offre un but contre l’Angola (3-2) lors des éliminatoires du Mondial de 1986 au Mexique. Son sérieux est apprécié par les dirigeants de Montpellier puis par ceux de Mulhouse où, en compagnie de ses coéquipiers de l’équipe nationale, Assad Salah et Bouarfa Ali, il frise l’accession en division «Une». Il ne perd pas son temps en Alsace, où il étoffe ses capacités jusqu’à se transformer en milieu de terrain. Il retourne à Montpellier, pour terminer une carrière bien remplie. Sans faire de bruit, mais sans rire également. Juste un petit sourire pour rappeler qu’il a disputé deux Coupes du Monde.

– AB. LAHOUARI 

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