Analyses
Les stades neutres sont-ils immunisés … ? (Nazim Bessol)
« La priorité, c’est la santé », une phrase maintes fois martelée par les responsables de la Confédération africaine de football (CAF), à leur tête le président suspendu de l’instance, Ahmad Ahmad. Une affirmation devenue, au fil du temps et de la persistance de la pandémie de la Covid-19, un slogan. Au mois de mai dernier, Ahmad Ahmad déclarait : « Nous ne pouvons pas envoyer nos jeunes à l’abattoir. A nous de voir et de discuter avec nos partenaires commerciaux, discuter avec tous ceux qui coopèrent avec nous dans l’organisation de ces compétitions et nous verrons ensuite. » Depuis, il y a eu cette suspension à 5 ans par la FIFA avant d’être autorisé par le TAS à retrouver son siège jusqu’au 3 mars prochain.
Une posture mise à mal par l’évolution de la situation sanitaire sur le continent, avec l’apparition du variant sud-africain. Il est réputé plus virulent et très contagieux et la réponse proposée par la CAF, à savoir la délocalisation des rencontres, après le refus de plusieurs pays, dont l’Algérie, d’accueillir les équipes du pays de Mandela, pose, aujourd’hui, plus de problèmes qu’elle n’en résout. Ainsi, le Wydad Casablanca, tout comme le CR Belouizdad, ont bénéficié d’un délai de 48h pour trouver un pays d’accueil, sous peine de perdre sur tapis vert. Le club marocain avait, dans un premier temps, annoncé un accord avec la Fédération Égyptienne pour que la rencontre se tienne au Caire, mais il a été rapidement retoqué par les autorités de ce pays. Le Chabab quant à lui, collabore avec la Fédération algérienne de football sur deux pistes possibles : le Soudan et la Tanzanie. Aux dernières nouvelles, Dar Essalam devrait abriter la rencontre CR Belouizdad – Sundowns.
Autre problématique toujours liée au variant sud-africain, les matchs censés se dérouler en Afrique du Sud. Le déplacement des délégations étrangères dans le pays de la nation arc-en-ciel, étant jugé à haut risque, plusieurs d’entre elles ont émis des réserves, ce qui a poussé la CAF à organiser une réunion avec la Fédération sud-africaine de football (SAFA). Cette dernière a mis au défi l’instance panafricaine de « fournir toute [preuve de] violation de leurs protocoles Covid-19 par nos clubs et équipes nationales. Nous lui demandons aussi de nous fournir toute donnée relative à la situation du Covid-19 en Afrique du Sud qui justifierait des alternatives à ce stade. », indique l’instance, présidée par Dany Jordaan, 3e vice-président de la CAF. De plus, la SAFA estime que ses clubs et équipes nationales « ne joueront pas sur des sites neutres, car il n’y a pas de raisons sanitaires substantielles de le faire. », poursuit l’instance fédérale sud-africaine.
Prise entre l’obligation de préserver la santé et l’intégrité des personnes et la nécessité de faire jouer ses compétitions, notamment pour des questions financières, la CAF, traversée par des crises multiples et en pleine campagne électorale, a choisi la voie du compromis au lieu de prendre ses responsabilités. Des responsabilités qu’elle devra aussi prendre face au retour du virus Ebola dans certaines régions du continent. De toute évidence, la piste choisie par la CAF ne peut pas payer tant le risque sanitaire est élevé. Exiger des équipes, dont les pays refusent d’accueillir les délégations sud-africaine, de trouver des terrains neutres, suggère que le variant sud-africain est sélectif dans sa propagation. Or, n’est-ce pas là une aberration ? Encore une !
– NAZIM BESSOL