Portraits

L’OUBLIé D’ANNABA

Brahimi Saïd

Quel dommage que les Algériens n’aient pas vu à l’œuvre Brahimi Saïd, le footballeur qui a émerveillé Toulouse, la ville des Violettes.Le club a été un lieu de passage d’une pléiade de footballeurs algériens. Qu’ils soient étudiants comme  Abdelhamid Bouchouk où Kader Firoud ou simples travailleurs comme Abderrahmane Ibrir ou Khenane Mahi, tous ont porté le maillot de l’équipe de France. Brahimi en fait partie et il a laissé son empreinte. Un de ses coéquipiers de l’équipe de la Liberté l’a décrit ainsi : «En ville, c’est un ange. Sur un terrain, un démon.» Tout le long d’une rencontre, à chaque fois qu’il est en possession du ballon, il n’arrête pas de faire tourner en bourrique ses adversaires. Et tous ne se privent pas d’expédients pour le pousser à se débarrasser du ballon. Ils y arrivent difficilement. Le ballon collé au pied, il est insaisissable. Les meilleurs défenseurs de l’époque, dont l’international et chevronné Roger Marche, en font l’amère expérience. «Saïd ne garde pas la balle, sinon je vais être obligé de te casser une jambe», lui a déclaré, menaçant au cours d’une rencontre, celui que l’on appelait le sanglier des Ardennes.

Un duo redoutable avec Bouchouk

Après des débuts timorés à la Jeunesse sportive de Bône (aujourd’hui Annaba),  il a 23 ans lorsqu’il débarque à Sète, terre d’accueil des footballeurs algériens, pour y jouer durant deux ans. En 1956, il rejoint  son compatriote Bouchouk Abdelhamid, au FC. Toulouse. Sous la direction de Jules Bigot (le sélectionneur-entraîneur de l’époque), ils forment la paire d’ailiers la plus performante du championnat de France de division Une. Une année plus tard, l’équipe de France ne peut se priver de son talent et de ses dribbles déroutants. Il dispute deux rencontres décisives (Islande et Belgique) comptant pour les éliminatoires du Mondial de 1958. Il est au côté de son compatriote Mustapha Zitouni face à l’Islande et marque un des huit buts français. La même année, en super forme, il remporte la coupe de France devant Angers (6-3).  Ce jour-là, il clôture la marque, à la toute dernière minute, par un but fabuleux en évitant plusieurs joueurs dont le gardien de but Fragassi. Durant l’inter- saison, les plus grands clubs français cherchent à l’acquérir mais son esprit est ailleurs. Il est déjà avec l’équipe de la Liberté qui lui apportera l’honneur et la dignité à défaut d’un joli pactole. En 1962, il retourne en France mais il n’a plus les jambes de 20 ans. Toulouse lui tourne le dos et sa fin de carrière demeure une énigme. Il disparaît du monde du football puis réapparaît pour évoluer à la fin des années 1960, durant une saison, à l’USM. Annaba, et de temps en temps, lors des festivités, avec les anciens de l’équipe de la Liberté.

– AB. Lahouari

 

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