Le Chabab Belouizdad (ex-Bel court) lui doit ses premiers titres de gloire, en tant que joueur et … entraîneur. Son départ a coïncidé avec les premiers couacs du glorieux club de Laquiba.
Enfant, ses parents déménagent de Chlef pour habiter à Alger le quartier de Belcourt (aujourd’hui Belouizdad). Il débute sa carrière comme gardien de but avec le club musulman du Widad. Ses qualités techniques et physiques lui permettent de tenter sa chance en France à la fin des années 50. Il s’impose au milieu de terrain à Brive où il est sélectionné avec l’équipe olympique française (1960). Et dans la foulée, il est recruté comme professionnel par Limoges où il fait preuve d’une grande rigueur défensive et d’une grande efficacité offensive. De retour au pays, il est sollicité par les dirigeants du Chabab pour diriger l’équipe et écrire, durant une décennie, une des plus belles pages de l’histoire du football national. En tant qu’entraîneur – joueur, il gère avec succès la fine fleur de l’élite nationale : les Medehbi, Chenen, Nassou, Abrouk, Lalmas, Selmi, Achour, Kalem et autre Djemaâ. Ce qui n’est pas une mince affaire, à cette époque. «Comme joueur, il est très rigoureux et toujours prêt à donner l’exemple, sur le terrain. Il n’hésitait pas à nous réveiller lorsque l’on avait tendance à nous oublier. Comme entraîneur, il ne ratait jamais une seule séance de travail et se montrait fin psychologue », raconte l’ex-attaquant, Mokhtar Kalem. Athlétique, ses capacités défensives (marquage, jeu d’interception, engagement physique) sont plus remarquables que ses capacités offensives, même si son sens du jeu lui permet d’être un joueur polyvalent. Il s’en sert avec brio et fait profiter son expérience à la nouvelle cuvée de l’équipe avec les Abrouk, Selmi … Il avait également la passion du jeu. Un jour, il apprend que Medehbi et Djemaâ sont allés à la plage la veille d’un match. Lorsque les deux joueurs se présentent le lendemain dans les vestiaires, il ne sanctionne pas Medehbi parce qu’il n’avait pas de remplaçant et met sur la touche Djemaâ. Celui-ci crie à l’injustice et en fait appel aux dirigeants qui tentent de faire revenir Ahmed Arab sur sa décision. Et lui de leur lancer pour les convaincre : «Il est resté trop longtemps au soleil. Et puis c’est moi qui vais prendre sa place.» Inutile de dire que les joueurs, qui étaient à l’écoute, ont ri sous cape.
Il choisit le travail et la Sonatrach
La majorité des titres et consécrations du Chabab portent son sceau. Entre 1965 et 1970, il remporte trois titres nationaux consécutifs et une Coupe d’Algérie. Il aurait pu continuer sans la première réforme du sport de 1969 où il est confronté à un choix douloureux : «le Chabab ou le travail.» Il choisit le travail et la Sonatrach (la société des hydrocarbures) qui l’emploie. Sa carrière internationale est derrière lui. Entre 30 à 34 ans, il est un des patrons du compartiment défensif des «Verts» avec les Zitouni, Melaksou, Beddiar, Attoui. Devant cette concurrence sévère, il rate quelques compétitions officielles (Coupe du monde, Jeux africains ou autres). Il effectue son dernier match, au milieu du terrain sous le maillot des «Verts» à Constantine en 1967 contre Vojvodina (Yougoslavie). Il ne quitte pas pour autant le football, puisqu’il passe au Raed Kouba, devenu le NAR en 1969, puis au Mouloudia d’Alger en 1975, les clubs étant sponsorisés par la société nationale Sonatrach, son unique employeur. Retraité, il se fait plus discret, mais le rencontrer est toujours un immense plaisir, surtout quand il s’agit de parler du Chabab.
– AB. LAHOUARI